Après le Heinkel 111 de Marcillat
dans le Puy de Dôme, la découverte d’un Junkers 88 dans le département de l’Allier.
Avant de développer cette nouvelle aventure, je voulais en quelques mots pouvoir vous décrire les raisons qui me pousse à faire cela. Etre dans l’obligation
de cesser de travailler pour cause de maladie, a entraîné en moi un besoin de me
motiver pour ne pas tomber dans un ralentissement inéluctable et progressif. Un ralentissement mental comme physique.
Cette activité m’aide à rester au contact de la nature car celle-ci est pleine de couleurs, de bruits, d’odeurs, m'oblige à rester attentif. De plus, chaque découverte m' amène à côtoyer pleins de personnages locaux, qui s’éblouissent de savoir que je m' intéresse à leur histoire. Ils m'entraînent vers le haut. Et puis il y a la découverte même, qui me fait monter l’adrénaline à chaque fois que le détecteur de métaux sonne. Qu’ai-je trouvé ? A quoi cela servait ? Quel est ce morceau ? Etc…. Puis vient la réflexion, l’interprétation des indices, avec comme fil conducteur la juxtaposition objective de toutes les données pour rédiger une histoire. Un peu comme une enquête policière.
Ainsi je reste vivant
La découverte
C’est en procédant à des démarches de recensement d’un lieu de crash que j'apprends la présence de cet avion
Quelque part dans la montagne Bourbonnaise, les principales traces de l’impact d’un bimoteurs Allemand tombé en novembre 1943.
A ma stupéfaction, je constate que 65 ans après ce drame, de très très nombreux débris de toutes tailles jonchent le sol à même la terre simplement recouvert de feuilles. Bien sur à l’oeil nu, aucun indice pour le commun des promeneurs mais avec l’habitude et l’expérience, je peux clairement distinguer de gros trous à quelques mètres l’un de l’autre.
Après avoir respecté les procédures de politesse et d’autorisation auprès des propriétaires du terrain, le détecteur de métaux commence à s’affoler. Du plat de la main j'enleve les feuilles et remarque des bouts de verres, plexiglas, tôles…. Il faut donc épurer la surface du terrain pour ne pas lors de la prochaine sortie retrouver les mêmes morceaux.
En parallèle aux recherches sur le terrain, pour comprendre et interpréter le mieux possible cette catastrophe, la quête de témoignages est une étape importante dans l’évolution de l’histoire, mais oh combien sensible et délicate.
En effet, les témoins de l’époque ne sont plus très nombreux, et ceux restants se remémorent d’un coup une période triste de leur vie. Il faut être attentif et à l’écoute, car forcément et cela se comprend aisément, les conversations dévient un peu, pour revenir sur des souvenirs plus précis avec parfois une sorte de nostalgie malgré la dureté du moment. A cela vient s’ajouter des discours et commentaires très souvent disconcordants, des confusions, voire même, et cela tout à fait inconsciemment, des interprétations fictives, comme si les témoins s’étaient persuadé ou avait voulu voir ce qu’il nous raconte. J’ai déjà rencontré ce genre de situation lors d’autres recherches, et cela semble se confirmer à chaque fois.
A cela vient se rajouter l’excès d’enthousiasme que je rencontre quelques fois et qu’il faut vite atténuer sous peine de ne pas être tout à fait objectif. J’écoute,
je note, j’interprète, je suppose, je déduis, mais dans tous les cas je prends mes interlocuteurs au
sérieux.
Dès à présent un grand merci à eux.
Le vendredi 19 novembre 1943. L’avion accroche la cime des arbres à Bécajat , puis vire sensiblement pour
s’engouffrer dans la vallée entre la Pierre Charbonnière et Bécajat, semblant inéluctablement perdre de l’altitude.
L’hypothèse d’une tentative d’atterrissage forcé est retenue. Je sais que l’avion faisait un grand bruit,
et j’évoquerais cela tout de suite après. Le terrain pouvait se prêter à cette situation, car un alignement de deux champs d’une distance totale d’environ 800 mètres était
dans l’alignement et que dans une telle circonstance qu’avait-il d’autre à faire sinon d’essayer de limiter les dégâts ?
Je reviens sur mon hypothèse. L’appareil faisait un bruit volumineux. Panne moteur pensais
je immédiatement, mais j’évoquerais plutôt une panne de carburant. Le moteur en manque de combustible se met à hoqueter, à avoir des ratés juste avant de cesser de
fonctionner. De plus, l’avion n’est pas tombé dans une position de piquée, mais plutôt sur le ventre, puisque la carcasse était présente en quasi-totalité. D’ailleurs celle-ci fut
dynamitée par les Allemands. Pour terminer, l’avion était en partie sous la maîtrise de son pilote, et pensant qu’ils avaient leur chance, les occupants n’ont pas sautés.
C’était un geste prémédité et calculé..
Le terrain était je pense beaucoup plus humide qu’actuellement ( morceaux trouvés très corrodés par l’humidité et en profondeur), et il est certain que le feu n’a pas eu un effet dévastateur sur l’avion. Cela ne veux pas dire qu’il n’y a pas eu de feu, mais l’avion n’avait quasiment ou plus de carburant dans les réservoirs, et un moteur était encore présent.
Je n’ai pas trouvé de munitions éclatées non plus sous l’effet de la chaleur, et je sais que des petites bombes étaient à même le sol.
Les dégâts furent colossaux. Malgré l’espoir de pouvoir s’en sortir, les quatre occupants furent tués. Le choc fût violent.
Il y avait 1 corps éjecté un peu plus haut sur la pente, 1 dans le fuselage de l’avion, et deux déchiquetés. L’avion volait seul. Les Allemands sont venus le lendemain.
Mais de quel appareil s’agissait il ?
Les recherches sur le terrain fournirent en très peu de temps des éléments indispensables à cette question. Il a fallu sortir des kilos et des kilos de débris de tôles et d’autres longerons pour découvrir une plaque d’identification .
Cela me donnait un indice en voyant le logo JUNKERS ( à gauche de la plaque ) et en regroupant mes connaissances, mes
témoignages, s'agissait- il d'un JUNKERS 88 bombardier de la Luftwaffe ?
Le 16 mars 2009
Nouvelle trouvaille d’une plaque technique de l’avion, identique dans sa présentation à celle ci dessus, mais différente dans sa numérotation.
Nous apercevons le poinçon du contrôleur technique.L’apposition de celui-ci confirmait la conformité du cahier des charges.
Il est intéressant de voir que le numéro modèle a été barré
Heinkel ( logo en bas à droite ) basé à Orianenburg était un sous traitant de
la voilure.
Samedi 29 juin 2008
Pratiquement 3 mois jour pour jour, voici la découverte d’un élément instructif dans l’évolution de cette recherche.
Doit on croire aux rêves prémonitoires ? Quelques jours avant cette date, au réveil j’avais le souvenir vague et imprécis d’avoir rêvé à une découverte sur les lieux du crash. Sans y prêter attention, mais avec comme une espèce d’attirance et d’interrogation intellectuelle, je décide avec mon complice Christian de faire une sortie de détection.
Profitant d’une fraîcheur toute relative, nous étions sur le terrain vers 10 h 30. Juste avant le repas, je creusais à cet emplacement depuis ……ouh... Le temps passe si vite, à sortir des morceaux, et plus j’en sortais, plus il y en avaient. Jusqu’au moment à environ 50 cm de profondeur, l’apparition furtive d’une « trappe » posée à plat, ne bougeant absolument pas à la main. Il fallut dégager les alentours du trou pour sortir avec l’aide de mon comparse, une tôle du format d’une page de grand cahier.
Inspection rapide du morceau, contentement apparent car la qualité de la pièce était telle, qu’elle finirait dans les archives.
« Tu as vu s’écrie Christian, il y a une inscription ? »
Dans ces circonstances, je laisse tout tomber et me précipite tant bien que mal vers lui. Quelques gouttes
de salive pour nettoyer, mais sans résultat. Je décidais de finir de retirer les éléments encore présent dans le trou et d’attendre l’heure proche du repas pour la nettoyer dans le
ruisseau tout proche.
Cela valait la peine d’attendre : JU 88 A-5 voici une partie des inscriptions
J'avais maintenant la version exacte de l’avion.
Je me souviens d’avoir été comme un enfant devant son nouveau jouet. Une sensation d’émotion mélangée de
joie, de fierté tressautant sur place à chantonner des lalala, puis la remémoration des circonstances de notre venue.
Quelle chance, statistiquement parlant combien avais je de chance de trouver cela ? Sachant qu’il y a des milliers
de morceaux sur quelques centaines de mètres carrés .
Je ne veux pas le savoir.
Un grand merci à mon instinct
Vous pouvez voir sur la ligne TYP u. Grp. JU 88 A-5 et en haut à gauche le logo des Usines HENSCHEL autre avionneur Allemand et sous-traitant sous licenceJUNKERS.
L’inscription BA ….. En bas à droite correspond au cachet du contrôleur qui a réceptionné le bombardier.Il s’agit d’un morceau de fuselage de la version JUNKERS 88 version A-5.
L'histoire de cet avion est toujours en cours. Pleins d'éléments manquent à mon puzzle. Le nom des occupants, la
compagnie d'appartenance, la provenance, la destination, les sépultures............Des interrogations qui me promettent encore des instants d'émotions intenses.
Anémomètre de l’appareil ou dans le langage aéronautique «
Badin » de son inventeur Raoul BADIN ( 1911 )
Système servant à fixer le canon de la mitrailleuse
Trappe "marquée" 403 à la main et peinture rouge
Bouchon avec jauge
Elément moteur et début de numéro de série ou de référencement
Trappe avec inscription "ouvert" " fermé"
Tout n'est pas mis dans ce résumé, pour connaitre les coulisses de mes recherches n'hésitez pas à me
contacter.