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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 19:01

Travaillant sur le crash du Fock Wulf 200 tombé dans le département de l’Allier, mes recherches m’ont amené en Charente Maritime d’où il avait décollé.

 M’imprégner des lieux est indispensable pour relater au mieux mes ressentis.

Dans ma démarche habituelle, en prenant contact avec les passionnés locaux j’ai rencontré Monsieur Yves Chevalier qui est en fin de compte l’initiateur de cette histoire. Il était en possession d’un morceau de fuselage d’un JUNKERS 52, tri moteurs Allemand. Ma curiosité m’a poussé en savoir un petit peu plus. Comment pouvait-il avoir cette relique chez lui ?

FUSELAGE-JU-52-ST-LOUP--7-.JPG

L’aventure commençait alors. Dans sa démarche de faire partager sa passion, ce Monsieur me raconta l’histoire de cet avion en tôle ondulée.

Eté 1944, météo clémente, l’avion à court de carburant effectua une boucle pour se poser sur une parcelle de terrain dégagé dans l’espoir de pouvoir reprendre les airs une fois le ravitaillement fait. Terrain dégagé, certes, mais piègeux. Ces terres sont des marais, et l’aéronef s’enfonça doucement mais surement à chaque tour de roue. Il stoppa net au point que l’arrière se souleva brutalement sans créer de dommages. Une fois à l’arrêt, il était enlisé à mi roues dans la tourbe. 

Pour les quatre occupants, il n’y avait qu’à remettre du carburant et familièrement, je dirais que le tour était joué.

Deux d’entre eux restèrent sur place et deux officiers partirent chercher un moyen de locomotion pour se rendre au village le plus près. Ce fut fait grâce à l’attelage de Monsieur le Maire.

A leur retour, leur stupéfaction fut grande, car les deux aviateurs en faction devant l’avion n’étaient plus là.

Que se passa t-il dans leur esprit ? Pas de panique apparente, la crainte simplement que des « terroristes », ce sont leurs termes, soient présents. La réalité était qu’ils furent faits prisonniers par les Maquisards. C’est en vélo que ces mêmes officiers repartirent chercher secours.  

En début d’après midi, une douzaine d’hommes en armes dans un camion se rendent sur les lieux du crash. Le mot crash n’est pas tout à fait approprié, car l’avion était intact.

Quelques rafales d’armes automatiques retentissent dans le marais pour faire fuir les habitants tournant déjà autour de l’appareil. Aucun blessé, leur attention était de leur faire peur uniquement.

A bord de ce véhicule, plusieurs fût de 200 litres de carburant. Il est clair maintenant que la volonté de ces militaires est de faire décoller l’avion.

L’appoint en combustible fait, les moteurs en marche, l’appareil tenta de repartir. En vain, le marais, la tourbe eurent raison de lui. Le JUNKERS 52 resta cloué au sol.

Il fallait que les Allemands se fassent une raison, plus jamais cet avion ne volerait. Leur préoccupation première n'était sans doute pas cette raison, mais la volonté de ne rien laisser d'exploitable, de ne rien laisser à l'ennemi.

Quelques bidons d’essence furent mis sous le nez de l’appareil, une rafale de mitraillette plus tard, l’embrasement laissa seulement un trou béant 5 mètres plus haut dans le cockpit.

La vie de cet engin s’arrêta là. Enfin pas tout à fait……………………

Les Allemands partis, la population locale désossa littéralement la carcasse à coup de pioche, scie à métaux, éparpillant dans tous les villages environnants des morceaux plus ou moins gros.Certains finirent en poulailler, en tôle protectrice, en objet de curiosité, en travaux pratiques de mécanique, d’autres abandonnés dans la nature ou emportés par les ferrailleurs.

 TRONCON-JU-52-ST-LOUP--10-.JPGDepart-pour-restauration-13-mars-2011--4-.JPG

L’histoire de cet avion aurait dû s’arrêter là, mais au fil de mes rencontres et de mes investigations, des morceaux furent retrouvés. Oui, 67 ans après, des reliques existent encore. Il me fallait absolument les remettre à l’honneur.

Un JUNKERS 52 étant en cours de restauration dans la banlieue Parisienne, il me paraissait évident que l’aileron de profondeur, un morceau de fuselage arrière droit, une porte cargo devait avoir un autre sort que le ferrailleur. J’aime l’idée qu’un objet dont l’histoire aussi lourde soit elle, puisse avoir une seconde vie.

Je vous invite à aller sur les liens ci joint pour comprendre la motivation des ces passionnés qui perpétuent l'histoire.

 lien  & lien


telechargement--1-.jpgtelechargement.jpg

telechargement--2-.jpg52--09-2010--Melun-010--Large-.jpg

Cet avion restauré ne volera peut être jamais, mais les « greffes » implantées lui auront au moins donné une seconde jeunesse.

En date du 13 mars 2011, c’est avec fierté et un petit pincement au cœur que ces éléments prirent un second envol (en camion) direction le musée.

Fuselage arrière gauche

Depart-pour-restauration-13-mars-2011--6--copie-1.JPG

 

Porte cargo

DEPART PORTE CARGO JU 52 POUR MELUN LE 22 11 2010

 

Aileron de profondeur ( 4,90 mètres )

AILERON PROFONDEUR JU 52 ST LOUP (5)

Quelques autres reliques

 

 

Cylindre d'un des trois moteurs ( 9 cylindres )

CYLINDRE-JU-52-ST-LOUP--2-.JPG


Lettre d'identification de l'unité d'appartenence

IMMATRICULATION-JU-52-ST-LOUP-copie-1.JPG

 

Pompe à l'huile

POMPE-0-HUILE-JU-52-ST-LOUP--1-.JPG

 

Démarreur

SYSTEME-DEMULTIPLICATION-DEMARRAGE-MOTEUR-JU-52-ST-LOUP.JPG

 

Je tenais à remercier tous les acteurs ayant été sensibles à ce projet, toutes les personnes m'ayant orienté sur le terrain, toutes les personnes m'ayant hébergé, toutes les personnes s'étant investies pour que cette aventure puisse exister.

Merci à mon comparse Didier pour sa confiance.

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commentaires

P
Ancien parachutiste Français militaire breveté en totalité sur JU 52 en 1949,je suis sensible a vôtre enquête,vos recherches et vos résultats .J'avais 18 ans.Qant a vous encore Bravo!
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M
<br /> Toujours très intéressants les récits de Philippe. Je suis vraiment ravi d'avoir trouvé ce chercheur sur ma route.. la mienne (de chercheur) se termine alors que lui en plein essor. BRAVO<br /> PHILIPPE.. au nom de " La mémoire des hommes "<br /> <br /> <br />
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