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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 16:26

Cette histoire raconte les derniers instants de Otto Kraft pilote de la Luftwaffe mort en mission. Elle m’a été inspiré lors de mon passage à Plassay le 8 février 2011 ( article dans le blog ) 

Rapport original allemand (2)

 

Elle est aussi dédiée à tous ces soldats Allemands et Américains qui prirent part à ce combat.

En temps de guerre, chaque seconde, chaque minute, chaque heure qui passait était l’espoir que cette atrocité se termine enfin.

Ce 31 décembre 1943 avait vraisemblablement une autre saveur. Le passage à une nouvelle année rapprochait les esprits de cette hypothèse, et d’un éventuel moment de détente accompagné d’un repas sortant peut être de l’ordinaire. Ces instants passés en groupe avaient comme effet de galvaniser les troupes et de donner meilleur moral.

En ces périodes de conflit, la détente existait -t-elle vraiment ? N’y avait-t-il pas toujours obligation du devoir accompli pour sa patrie, une pensée pour ses proches, ses camarades ? Certes, mais de toute façon l’arrogance de l’âge de ces soldats leur donnait du baume au cœur et le tempérament victorieux. 

Dans le ciel de Saintonges, de nombreux B17 Forteresse Volante venues des bases anglaises viennent de bombarder la base de Cognac Châteaubernard où des Fock wulf 200 Condor et vraisemblablement des Junkers 52 y stationnaient.

 

 La base aérienne de Fontenet/St Jean d’Angély est en alerte maximum

 

 C’est au pas de course que Otto Kraft, sous officier du 2./jagdgruppe ost** de la Luftwaffe, après s’être équipé de son parachute, arpente la bordure d’aile près du cockpit pour, d’une enjambée, embarquer dans son Messerschmitt BF 109 F2. Le même rituel est effectué par 10 de ses camarades.

A cet instant précis, il n’y a que la mission qui compte : intercepter ces bombardiers géants.

Décollage imminent. Une piste de 1480 mètres ouvre les bras à ces aviateurs. Après avoir pris position contre le vent, les avions à pleine charge moteur prennent les airs simultanément avec grâce et agilité. Train rentré, ils virent et filent comme des flèches vers les proies désignées.

Quelques minutes de vol suffisent pour que les aviateurs aperçoivent cette masse « sombre de ferraille » représentée par d’innombrables avions bombardiers B17 et B24 confondus.

Ces forteresses volantes armées chacunes de 13 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm n’allaient pas se laisser harceler sans réagir. Le combat s’engagea aux alentours de 12h10. Les Messerschmitt BF 109 F2 tournoyaient comme des frelons autour de leurs proies. De multiples tirs raisonnaient dans le ciel de Saintes et pendant une vingtaine de minutes ces pilotes émérites accomplissent leur devoir quand soudain de nombreux impacts venaient percuter et transpercer le poste de pilotage du sous officier Otto Kraft le tuant sur le coup.

Sans pilote à bord, l’avion incontrolable piqua du nez et vient s’écraser ou plutôt percuter à une vitesse phénoménale le sol d’un champ, y pénétrant comme un couteau dans du beurre, en laissant un cratère immense.

 

En 2005 des passionnés creusèrent à trois mètres de profondeur pour mettre au jour l’épave et tombeau de ce soldat.

J’ai eu l’opportunité de me rendre sur le lieu du crash et de voir les morceaux sortis de terre. Le premier constat que j’ai fait est la petitesse des morceaux de l’avion.

 

 

photo-0842.JPG

Photos Michel Souris

photo-0761.JPG

Photos Michel Souris

photo 0783-copie-1

Photos Michel Souris

photo 0785



 En compagnie d’un passionné, technicien chevronné et aguerri, nous avons essayé de comprendre pourquoi.

Tout d’abord la nature du sol. Sous la couche de terre d’un bon mètre, se trouve de la pierre calcaire.

Au contact, l’hélice en plein mouvement ouvrit le chemin, dans la continuité les ailes se sont probablement pliées le long du fuselage un peu comme des bras le long du corps, pénétrant dans le sol et au contact des strates calciques, l’on désintégré littéralement. Tout cela en quelques secondes.Quand l’avion stoppa net, le canon et les mitrailleuses par inertie, ont été projetés peut être un ou deux mètres plus profond.

Puis tout cela a été accentué par la vitesse et la violence de l’impact.

 Il n’y a pas dans les 800 à 1000 kg d’amas de ferraille retirés du sol, de trace d’un morceau d’hélice ou de canon.

Amas de tôle

PLASSAY-14-MARS-11--3-.JPG

Cylindres et soupapes

PLASSAY 14 MARS 11 (4)

Bouchon réservoir

BOUCHON-CARBURANT-ME-109-PLASSAY-140311-2-.JPG

Morceau de pneumatique "Continental"

PNEU ME 109 PLASSAY 140311(4)

Photos Philippe Morini

 L’avion pesait quasiment deux tonnes à vide, est ce que les 800 à 1000 kilos restant sont encore dans le champ ? Probablement que oui.

 Du côté des bombardiers Américains les pertes furent aussi lourdes. Ce 31 décembre 1943 tout au long de leur périple de bombardement 9 appareils Américains sont abattus par la Jagdgruppe ost :

 

Dénomination

cie

Avion abattu

Lieu

Heure

 

 

 

 

 

Oberleutnant ( Lieutenant Colonel )*

3/Jgr Ost

B17

Le Réole S,E Bordeaux

12h00

Otto STAMMBERGER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Obergeifreiter (Caporal Chef)* BOTTE

1/Jgr Ost

B17

Pointe de Grave

12h10

 

 

 

 

 

Oberfeldwebel ( Adjudant )* LÜLMENS

1/Jgr Ost

B17

Ouest de Saintes

12h27

 

 

 

 

 

Unteroffizier ( Sergent)* SCHIESSEBURG

2/Jgr Ost

B17

3500 mètres d'altitude

12h30

 

 

 

 

 

Unteroffizier ( Sergent)* EICKHOFF

4/Jgr Ost

B24

Cognac

12h35

 

 

 

 

 

Unteroffizier (Sergent)* SCHLAUSSER

3/Jgr Ost

B17

SW Mirambeau

12h50

 

 

 

 

 

Gefreiter (Caporal)* PINTSCH

4/Jgr Ost

B17

Au large de l'Ile de Ré

12h55

 

 

 

 

 

Unteroffizier (Sergent)* RODWEDDER

4/Jgr OST

LANCASTER

Ouest Lesparre

13h00

 

 

 

 

 

Gefreiter (Caporal)* SCHÜLMAYER

4/Jgr Ost

B24

Sud Ouest Mirambeau

13h10 

N.BCe même jour 8 autres avions Américains ayant participés aux hostilités furent revendiqués par la Jagdgruppe west : Jonzac 12h02 - N.O de Mont de Marsan 12h07  - Sud de Mirambeau 12h13 - S.E de Mimizan plage 12h25 - au large de l'ile d'Oléron 12h30 - 50 km Ouest de Carcans  12h 35  - 80 km Ouest de Carcans ( 2 appareils ) 12h35.

Né le 09 octobre 1920 à Bleichenback Otto Kurt KRAFT ne verra pas l’année 1944. Il avait 23 ans. Pour ses camarades, il n’y eu ce soir là qu’un maigre repas et une ambiance triste. Plusieurs autres aviateurs périrent ou furent abattus.

Otto-Kraft---tenue-copie-1.jpg

 Photo fournie par Michel Souris  

 

 Fleurs au fusil tambours battant il va

Il a vingt ans un coeur d'amant qui bat
Un adjudant pour surveiller ses pas
Et son barda contre ses flancs qui bat
Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Dans sa musette son bâton d'maréchal
Quand un soldat revient de guerre il a
Dans sa musette un peu de linge sale

Partir pour mourir un peu
A la guerre à la guerre
C'est un drôle de petit jeu
Qui n'va guère aux amoureux
Pourtant c'est presque toujours
Quand revient l'été
Qu'il faut s'en aller
Le ciel regarde partir
Ceux qui vont mourir
Au pas cadencé
Des hommes il en faut toujours
Car la guerre car la guerre
Se fout des serments d'amour
Elle n'aime que l'son du tambour

Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Des tas de chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà...

Parole et musique Francis Lemarque

 

 

Un grand merci à Didier et à Michel.

Pour ceux qui seraient intéressés par les coulisses de cette histoire, n'hésitez pas à prendre contact avec moi.  

                                           

 

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commentaires

M
<br /> Bien Philippe , beau document. Histoire, mais surtout il montre ce qu'est la violnece quand la guerre est là. Quelque soit le bord, tout homme digne de ce nom , a droit au respect. Bonne<br /> continuation. Michel<br /> <br /> <br />
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